Les ponts et viaducs

Encore une magnifique thématique, et les timbres pour cette collection ne manquent pas. On peut la débuter par ce superbe carnet émis en 2017 qui présente l’intérêt de montrer des ouvrages français mais également étrangers avec les ponts de Brooklyn et Manhattan à New York, le Tower Bridge à Londres mais aussi le pont d’U Bein en Birmanie et enfin le Ponte Vecchio à Florence en Italie. Ce dernier est original par l’un de ses usages car l’on y trouve également des boutiques.

Mis en page par Etienne Théry / Pont du Gard – Vers-Pont-du-Gard © Bilderberg / Photononstop/Pont du Diable – Saint-Jean-de-Fos © GUIZIOU Franck / hemis.fr/Pont Valentré – Cahors © AZAM Jean-Paul / hemis.fr/Ponte Vecchio – Florence © MATTES René / hemis.fr/Viaduc de Morlaix © STICHELBAUT Benoît / hemis.fr/Pont-canal de Digoin © GUY Christian / hemis.fr/Pont d’U Bein – Amarapura © MORANDI Tuul et Bruno / hemis.fr/Pont de Manhattan et pont de Brooklyn – New York © Image Source / hemis.fr/Viaduc de Garabit – Ruynes-en-Margeride : © Bernard JAUBERT/Onlyfrance.fr/Tower Bridge – Londres © Giuliano Colliva / AGF foto / Biosphoto/Pont Alexandre III et Pont de la Concorde – Paris © Pascal Deloche / GODONG/Pont transbordeur de Rochefort – Martrou © GUIZIOU Franck /hemis.fr

Notre carnet rend hommage aux artistes de tous les temps qui, avec les moyens de leur époque, ont conçu des édifices de grande renommée dont la plupart sont encore en service.

Mais au fait quelle est la différence entre un pont et un viaduc ?

Ils ont tout d’abord une particularité commune, celle de permettre aux hommes de se rendre d’un point A à un point B en enjambant un obstacle comme un ravin, des routes, des voies ferrées, un cours d’eau, etc. La différence tient à la taille : les viaducs sont plus imposants par leur longueur ou par leur hauteur. Toutefois dans le langage courant, il n’est pas rare de voir des ponts appelés viaducs, et des viaducs appelés ponts !

Un des timbres figurant dans le carnet est le pont du Gard qui présente la particularité d’être à la fois aqueduc et viaduc, c’est à dire qu’il a un étage pour l’eau et un étage pour la route. Ce timbre a un ancêtre célèbre : le 20 F Pont du Gard émis en 1929 (il y aura ensuite d’autres tirages). Imprimé en taille-douce, il a rencontré des problèmes techniques lors de sa fabrication.

Dessiné et gravé par Henry Cheffer – 1929

Il en résulte en outre des différences de teintes, de papier et surtout de dentelure (irrégularité, dimension, nombre mais aussi un format sensiblement différent). De belles raretés faisant les délices des spécialistes parvenant à les identifier car la cote peut dépasser les 2 400 €.

Venons-en aux autres timbres représentant des ponts et viaducs français.

Le pont du Diable à Saint-Jean-de-Fos. D’architecture romane, il a été construit au début du Moyen âge en 1030 par les moines de Gellone et d’Aniane (abbaye de Saint Benoit). Il enjambe l’Hérault sur 65 mètres de long, à 18 mètres de haut. Alors que les moines de Gellone et d’Aniane ne ménagent pas leurs efforts pour la construction du pont, ils constatent chaque matin en abordant les lieux, que les travaux réalisés la veille sont systématiquement détruits. Les deux congrégations monastiques comprennent très vite que leur projet subit des entreprises de sabotages nocturnes et en appelle à la protection de leur Saint Patron Guilhem. Ce dernier est amené à pactiser avec le Diable. Il lui promet l’âme de la première créature qui franchirait le pont s’il aidait à construire ici un pont indestructible. Le Diable accepte, et une fois le pont construit, on lui envoie en récompense un pauvre chien à la queue duquel on a attaché une casserole.

Fou de rage le Diable tente de détruire le pont, en vain ! Par dépit, il se jette dans le fleuve, dans un lieu appelé « le Gouffre noir ». Parfois, en période de crue, la colère du Diable semble se réveiller et ses hurlements surgissent du fond du gouffre.

Le pont Valentré à Cahors. On l’appelle également le pont du Diable ! En voici la légende : « L’architecte du pont Valentré, exaspéré par la lenteur des travaux, eut recours à Satan et fit un pacte avec lui. Le diable s’engageait à l’aider par tous les moyens et à lui obéir ponctuellement, quelque ordre qu’il put recevoir. Le travail fini, l’architecte devait lui abandonner son âme en paiement. Mais si le démon, pour une cause quelconque, n’arrivait pas à aller jusqu’au bout, il perdrait tous ses droits sur le prix en question.

L’édifice montait rapidement et quand le pont fut presque fini, l’architecte entreprit de sauver son âme. Il porta un crible [appareil à fond plan comportant des ouvertures calibrées, utilisé pour séparer des fragments solides] à son formidable associé et lui demanda d’aller chercher de l’eau pour ses ouvriers. Mais jamais le crible n’a gardé l’eau. Le diable se mordit les lèvres de dépit car jamais il ne put tenir son marché, mais il jura de se venger. Alors lorsque les maçons eurent presque achevé de construire la tour centrale, le diable envoya un petit diablotin qui chaque nuit retirait la dernière pierre de l’angle supérieur nord-ouest de la tour. »

L’architecte chargé de la restauration, Paul Gout, a immortalisé cette légende par une pierre sculptée représentant le diable tentant d’arracher la pierre du pont mais n’y parvenant pas, ses doigts étant coincés dans les joints de la pierre.

Le viaduc de Morlaix. Haut de 62 mètres et long de 292 mètres, le viaduc de Morlaix est un ouvrage d’art ferroviaire qui permet la traversée de la rivière de Morlaix et la desserte de la gare de la ville. La construction a débuté en 1861, on ne connaît pas de légende avec le Diable et pourtant les Bretons raffolent d’histoires mystérieuses.

Le pont-canal de Digoin. Cet ouvrage en maçonnerie, réalisé sous les ordres de l’ingénieur Jullien, fut construit de 1832 à 1836 afin de permettre au canal latéral à la Loire de franchir le fleuve. Long de 243 mètres, ce pont-canal percé de onze arches est une prouesse architecturale.

Le viaduc de Garabit. Comme à Morlaix, il s’agit d’un viaduc ferroviaire, ouvrage d’art de la ligne de Béziers à Neussargues. Il est situé sur le territoire des communes de Ruynes-en-Margeride et Val d’Arcomie dans le département du Cantal en région Auvergne-Rhône-Alpes. Classé monument historique en 2017, le viaduc de Garabit ou Pont de Garabit a été édifié entre 1880 et 1884, mesure 565 mètres de long et 124 de haut.

Le pont Alexandre III et le pont de la Concorde. Situé à Paris, le pont Alexandre III est d’une longueur de 154 mètres pour une largeur 45 mètres, construit pour l’Exposition Universelle de 1900. Le pont constitué d’une arche métallique de 107,50 mètres porte le nom du tsar de Russie Alexandre III (1845-1894).

Dessiné et gravé par Pierre Gandon – 1949

Sur notre timbre on aperçoit également le pont de la Concorde. Il franchit la Seine entre le quai des Tuileries (place de la Concorde) et le quai d’Orsay. Son nom a régulièrement changé depuis le début de la construction en 1787 : pont Louis-XVI, pont de la Révolution, pont de la Concorde, à nouveau pont Louis-XVI pendant la Restauration (1814) et définitivement pont de la Concorde depuis 1830.

Terminons notre article par cette citation d’Isaac Newton : « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. » Les ponts rapprochent les hommes tout comme les adeptes de cette belle collection.