On voit sur ce timbre du Nicaragua (Amérique du Sud) un volcan en activité. Rien de très remarquable, on en dénombre beaucoup dédiés à cette thématique, sauf que le nôtre a une histoire incroyable que voici.
Au 19ème siècle, on souhaite relier par un canal l’océan Pacifique à l’océan Atlantique en passant par l’isthme de Panama. Un projet ambitieux mais terriblement difficile à réaliser. Le Français Ferdinand de Lesseps, qui a déjà construit le canal de Suez va s’y atteler, mais les travaux sont coûteux et sa société est mise en liquidation.
Un autre Français, Philippe Bunau-Varilla, qui travaillait avec Lesseps la reprend mais connait, lui aussi, des difficultés financières au point qu’il est nécessaire de trouver un nouvel acquéreur. Il décide de faire appel aux Etats-Unis qui hésitent à réaliser le percement d’un canal non au Panama, mais au Nicaragua.
Bunau-Varilla a alors l’excellente idée de convaincre les sénateurs américains de l’intérêt son projet. Il adresse à chacun d’eux une lettre accompagnée de notre timbre. Il écrit : « Par la suite d’un tremblement de terre suivant l’éruption d’un volcan (que l’on peut voir avec son panache de fumée à l’arrière-plan), le quai et la locomotive (que l’on peut voir au premier plan) ont été jetés dans l’eau avec une grande quantité de café. » Réaliser au Nicaragua un canal en pleine zone sismique n’est donc pas une bonne idée et le timbre parle de lui-même. Les sénateurs sont convaincus et votent le Spooner Act donnant la préférence au canal de Panama. Reste à obtenir l’accord de la Chambre des représentants.
Philippe Bunau-Varilla se rend à New York chez un marchand pour acheter 500 exemplaires supplémentaires de ce timbre nicaraguayen. Il adresse une lettre aux députés à nouveau accompagnée de ce timbre. L’opération fonctionne à nouveau à merveille et le vote est obtenu en juin 1902.
Le canal de Panama qui doit relier l’océan Atlantique l’Atlantique sera construit par les Américains !
Comme quoi, les timbres de servent pas qu’à l’affranchissement et peuvent se révéler d’incroyables outils de propagande.