Le 30 juin 2017 à Paris disparaissait Simone Veil. Elle est connue du grand public lorsqu’en 1974, nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing, elle fait adopter la loi dépénalisant le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle apparaît dès lors comme une icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France. Première présidente au Parlement européen, Simone Veil est considérée comme l’une des promotrices de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.
De 1993 à 1995, elle est ministre d’État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville puis siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, avant d’être élue à l’Académie française en 2008. Simone Veil fait son entrée au Panthéon avec son époux Antoine le 1er juillet 2018. Elle est un modèle de résilience, de courage dès son enfance comme on va le voir.
Née le 13 juillet 1927, Simone Jacob (son nom de jeune-fille) est la benjamine des quatre enfants d’André et d’Yvonne Jacob. Sa famille juive non-pratiquante et laïque réside à Nice lors de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands y organisent alors des rafles très violentes obligeant les Veil à se disperser dans la ville. Simone se réfugie chez sa professeure de lettres, change de nom et dispose de faux papiers. Malgré les risques, elle s’inscrit sous son vrai nom pour passer le baccalauréat le 29 mars 1944, Simone a seulement 16 ans. Dès le lendemain elle est arrêtée par la Gestapo. Toute sa famille est ensuite arrêtée à l’exception de l’une de ses sœurs, Denise, entrée dans la Résistance. Le sentiment de la responsabilité de ces arrestations hantera toute sa vie la future Simone Veil.
Elle est emmenée à Drancy (au nord de Paris) avec son frère, sa sœur et ses parents. Accompagnée de sa mère et sa sœur, elle se rend ensuite au camp Auschwitz-Birkenau. Une personne lui conseille de mentir sur son âge et de dire qu’elle a 18 ans afin de travailler et non de partir avec les enfants dans les chambres à gaz. Entre mai et juillet 1943, ce sont plus de 300 000 Hongrois qui seront tués.
Repérée pour sa beauté, sa force et sa volonté de vivre, Simone est interpellée par la cheffe de camp polonaise qui décide de l’envoyer dans un camp de travail moins difficile : « Tu es trop jeune et trop belle pour rester ici ! » Simone lui répond qu’elle n’ira nulle part sans sa mère et sa sœur. Finalement elle part avec sa mère et sa sœur pour Bobrek où 250 déportés (dont 37 femmes) travaillent pour les usines Siemens. Cela leur permettra de survivre en attendant la Libération. Les trois femmes seront délivrées par les Britanniques mais Yvonne, sa mère, sera emportée par le typhus.
De retour à Paris, les deux sœurs apprennent que Denise a été déportée mais qu’elle est revenue vivante. Quant à leur frère et leur père ils ne reviendront jamais des camps de la mort. De cette enfance terrible, Simone aurait pu s’effondrer, ce sera tout le contraire.