Les mystérieuses statues de l’Île de Pâques

Le 5 avril 1722, l’explorateur hollandais Jacob Roggeveen aborde une île isolée en plein Pacifique. Comme c’est le jour de Pâques, il la baptise tout simplement… Île de Pâques.

A la différence de la plupart des autres îles du Pacifique elle n’est pas protégée des vagues par une barrière de corail et un lagon, ce qui rend son approche en bateau difficile. Sur son sol aride de 171 km² survivent quelques centaines de Polynésiens (les Rapa Nui). Les ancêtres de ces derniers sont arrivés après une incroyable navigation en pirogue entre 900 et 1200 de notre ère.

Pour se protéger de l’océan hostile, chaque clan avait aménagé près du rivage une plate-forme en pierre surmontée de statues géantes, alignées comme à la parade, au regard impressionnant de vie, tournées vers les jardins et les habitants.

Timbre émis en 1998, dessiné par Odette Baillais

C’est vers 1600-1650 que les Pascuans ont commencé à sculpter les statues (les moaï) dans les flancs des trois anciens volcans de l’île. Ils les faisaient ensuite glisser jusqu’aux plates-formes de pierre qui leur étaient destinées (les ahu). Pour cela, ils fabriquaient des rails et des cordages avec les palmiers géants qui couvraient l’île.

On a dénombré un total de 800 statues, représentant des hommes et des femmes d’une taille d’un mètre à 22 mètres. La majorité sont restées sur les lieux d’extraction, en position couchée. 256 ont été déplacées et 164 de celles-ci ont été érigées sur les plates-formes.

Les Européens qui ont exploré l’île, tels Lapérouse et Cook au XVIIIe siècle, n’ont pas manqué de s’interroger sur l’arrêt subit de cette activité et le déclin brutal de la société pascuane, que les scientifiques situent vers le milieu du XVIIe siècle. « Sept cents insulaires privés d’outils, d’habitations et de vêtements n’ont pas pu construire des plates-formes qui demanderaient des siècles de travail », écrivit ainsi le capitaine Cook en 1774.

Le mystère de ces statues est aujourd’hui loin d’être résolu. Plusieurs théories sont avancées pour justifier la construction des moaï. Certains chercheurs suggèrent que l’emplacement des colosses aurait servi à indiquer les précieuses sources d’eau de l’île. D’autres avancent que l’exploitation de la roche et la construction des géants visaient en réalité à favoriser la fertilité des sols, l’agriculture, et donc la production de nourriture sur ces terres isolées à quelques 3 500 kilomètres des côtes du Chili. « Les Moaï étaient au centre de l’idée de fertilité et, dans la croyance rapanui, leur présence ici stimulait la production agricole alimentaire », a affirmé Jo Anne Van Tilburg, directrice du Easter Island Statue Project. Néanmoins, l’énigme des statues géantes comporte encore bien des zones d’ombre. Ainsi que signifient les dessins gravés sur le dos de seulement trois statues ? Jo Anne Van Tilburg et ses collègues ont entamé une nouvelle étude pour analyser les gravures et tenter de percer leur secret. À suivre.