Dessiné par Jacques-Jean Barre et gravé par Désiré-Albert Barre
Le futur Napoléon III naît aux Tuileries à Paris le 21 avril 1808. Il est le fils de Louis Bonaparte, frère de Napoléon 1er, et d’Hortense de Beauharnais qui n’est autre que la fille de Joséphine, première épouse de Napoléon 1er. Avant d’être sacré empereur des Français sous le nom de Napoléon III en 1852, Louis-Napoléon Bonaparte connait une jeunesse d’exil. En effet, lorsque les rois de France reviennent aux affaires après l’abdication de Napoléon Ier, la famille Bonaparte trouve refuge entre la Suisse et l’Italie. Ce n’est pas du goût de notre jeune Louis-Napoléon qui sollicite en vain la clémence du roi Charles X pour revenir vivre en France.
Il n’a pas vécu en France depuis 1815 et a pour objectif de prendre un jour le pouvoir. Il s’essaye à deux reprises (prises d’armes de Strasbourg en 1836 et Boulogne-sur-Mer en 1840) ce qui lui vaut d’être emprisonné pour conspiration.
Condamné à la prison à perpétuité, Louis-Napoléon purge sa peine au château de Ham dans la Somme. Ce prince de 32 ans n’a guère envie d’y finir ses jours. Il bénéficie toutefois dans sa prison d’un certain confort, son appartement étant constitué d’un bureau et d’une bibliothèque. Se trouvent à son service, son valet Charles Thérin ainsi qu’Henri Conneau, son médecin personnel. Le prince cultive un jardin, monte à cheval et adopte même un chien qu’il nomme Ham.
Assez rapidement, Louis-Napoléon reçoit la visite de journalistes, de notables, d’écrivains comme Alexandre Dumas, George Sand ou Chateaubriand, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Il entretient par ailleurs d’excellentes relations avec les habitants du village. Bien qu’il bénéficie de bonnes conditions de détention, il ne pense qu’à s’échapper, cela fait tout de même six ans qu’il se trouve au château de Ham. Le problème est qu’il est fort bien surveillé par une centaine d’hommes en armes et chaque soir le commandant de la place s’assure qu’il est toujours présent. Lui vient alors une idée de génie : le bâtiment est en réfection et il va se déguiser en ouvrier !
Le 25 mai 1846, au matin, Louis-Napoléon s’enduit le visage de cirage, porte un vêtement de chantier et dissimule sa tête avec une casquette. Pour encore mieux se cacher le visage il prend une planche de sa bibliothèque. À six heures du matin, il sort dans la cour et parvient au portail d’entrée. L’émotion est tellement vive qu’il laisse tomber sa planche. Personne ne le reconnaît et il se fait la belle. Louis-Napoléon marche seul durant un kilomètre jusqu’au premier relais de diligence puis fera étape à Saint-Quentin, Cambrai, Valenciennes jusqu’en Belgique.
Il doit beaucoup à son docteur qui à son départ a placé un mannequin dans le lit du prince. Malin Henri Conneau fait croire aux gardes que Louis-Napoléon est très malade, qu’il ne faut surtout pas le déranger. Il va jusqu’à diffuser des odeurs pestilentielles dans la pièce pour simuler la purgation de son patient et éviter ainsi que les geôliers ne rentrent. Comme l’on pouvait s’en douter, le commandant, excédé par cette histoire, entre en fin de journée dans la chambre du malade imaginaire. Lorsqu’il découvre le stratagème, le futur empereur a déjà passé la frontière.
Six ans plus tard, le fugitif de Ham deviendra empereur !