L’incroyable histoire de la tête de Richelieu

Timbre émis en 1974, gravé par Robert Cami d’après une oeuvre de Philippe de Champaigne

Personnalité incontournable de l’histoire de France, doté d’une grande intelligence, Richelieu a pourtant perdu la tête.

Né le 9 septembre 1585 Armand du Plessis de Richelieu devient évêque de l’évêché de Luçon (Vendée) à l’âge de seulement 22 ans. Armand se fait remarquer, lors des états généraux de 1614, par Marie de Médicis, mère de Louis XIII. Devenu cardinal, il dirige le Conseil du roi à partir de 1624 en qualité de « principal ministre » ou Premier ministre et révèle son génie politique. Il met au pas la noblesse, prompte aux duels et aux révoltes, assure la tranquillité de la France sur ses frontières et apparaît comme le premier homme d’État moderne, soucieux de l’intérêt national.

Le cardinal encourage les lettres et les arts et fonde l’Académie française. Sa mission est claire : « La principale fonction de l’Académie sera de travailler, avec tout le soin et toute la diligence possibles, à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. » Aux XVIIIe et XIXe siècles se poursuit, dans l’esprit des premiers académiciens, l’œuvre de défense et d’illustration de notre langue. Les éditions successives du Dictionnaire, par les modifications qu’elles apportent, achèvent de façonner la langue telle que nous la connaissons aujourd’hui et l’apprenons à l’école.

Richelieu meurt le 4 décembre 1642 puis est inhumé à la chapelle de la Sorbonne à Paris.

Lors de la Révolution, son tombeau est saccagé le 5 décembre 1793. Le corps du cardinal est démembré avant de disparaître. Seule une partie de sa tête est préservée, emportée par un dénommé Cheval. La Terreur finie, ce dernier – peut-être envahit par la honte et le remords – offre la partie antérieure du crâne à l’abbé Boshamp qui à sa mort en 1805, la lègue à son tour à Nicolas Armez, maire de Plourivo (Côtes d’Armor). Différentes personnes conservent au fil du temps en Bretagne cette unique partie du corps de Richelieu. Elle est ensuite réclamée par le pouvoir et remise au préfet des Côtes-du- Nord qui la rapporte afin qu’elle figure de nouveau à la Sorbonne. Le 15 décembre 1866 se tient une cérémonie funèbre en présence de Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique et d’une délégation de l’Académie française.

Timbre émis en 1970, dessiné et gravé par Albert Decaris

Cette incroyable histoire montre que si Richelieu n’a pas toujours eu la tête sur les épaules, il a su de son vivant prendre de grandes décisions. Clairvoyant il disait : « Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement d’un Etat. » Et si on en faisait de même à l’école ?