On pourrait imaginer qu’il en a toujours été ainsi mais pas du tout. C’est seulement le 21 décembre 1880 qu’elles entrent au lycée. Avec la victoire du camp républicain aux élections sénatoriales de 1879, et la prise de fonctions du premier gouvernement Jules Ferry, le 23 septembre 1880, le texte sur l’enseignement secondaire des jeunes filles est finalement adopté. Par cette loi, l’instruction des filles n’est plus dispensée par les seuls établissements confessionnels. C’est l’article premier de la loi : « Il sera fondé par l’État, avec le concours des départements et des communes, des établissements destinés à l’enseignement secondaire des jeunes filles ».
Avant le vote, les jeunes Françaises qui désiraient prolonger leurs études n’avaient d’autre solution que d’aller dans les établissements confessionnels. Le projet avait été déposé deux ans plus tôt par le juriste Camille Sée, député proche de Jules Ferry, proposant d’ouvrir l’enseignement secondaire public – jusque-là réservé aux garçons – aux jeunes filles. Il avait provoqué (chose qui peut sembler surprenante aujourd’hui) un débat houleux à la Chambre des députés comme au Sénat.
La loi du 21 décembre 1880 sur l’enseignement secondaire des jeunes filles s’inscrit donc dans les grandes mesures initiées par Jules Ferry, père de l’école primaire laïque, gratuite et obligatoire.
Avec cette loi, les établissements destinés à l’enseignement public, l’instruction religieuse est remplacée par « l’enseignement moral ». Une avancée notable mais qui n’est pas complète. En effet, d’une durée plus restreinte que l’enseignement secondaire des garçons, celui des jeunes filles donne une large place à l’étude de la langue française, des langues vivantes, de la littérature et de l’histoire, mais exclut les humanités (grec, latin et philosophie) et ne s’émancipe pas des « travaux d’aiguille » ! À noter qu’il ne conduit pas encore au baccalauréat mais à un diplôme de fin d’études. Il faut attendre le décret du 25 mars 1924 qui établit que « les programmes de l’enseignement secondaire ainsi que le baccalauréat deviennent identiques pour les filles et les garçons ».